Motion du CSEC (lu par un élu CGT du site de Bagnères) et de la CGT d'ABB France

 

ABB piétine 150 ans d’histoire

ABB vient d’annoncer l’arrêt de l’activité Recherche et Développement des Parafoudres (anciennement Soulé) sur le site de Bagnères de Bigorre pour la transférer en Chine conduisant à la destruction de 10 des 20 emplois subsistant sur ce site.

Ce pillage de notre savoir-faire est particulièrement inadmissible et révoltant dans le contexte sanitaire et économique que nous connaissons actuellement. Il est surtout malhonnête en regard de l’implication du personnel et des aides de l’état perçues dans le cadre du C.I.C.E.

Rappelons que la société Soulé a été fondé en 1862 et que le groupe ABB est détenteur de la marque « soulé » après le rachat des activités protection foudre au début des années 2000

Au moment du rachat par ABB l’activité protection foudre qui employait environ 80 personnes était particulièrement saine, dynamique et bien intégré dans un écosystème économique cohérent grâce à un laboratoire d’excellence des personnels compétents et spécialisés et a une station d’essais in situ sur le site du pic du midi de bigorre.

Ce savoir-faire reconnu nous a permis de développer et produire des parafoudres commercialisés sous notre marque reconnue de Soulé mais aussi sous des marques aussi prestigieuses que Scheider Electric, Hager et même déjà ABB faisant de cette entité une activité particulièrement rentable en dégageant des marges avant impôt (EBIT) de plus de 20% du chiffre d’affaire. Il est a noter qu’au moment du rachat par ABB la rentabilité était telle que la participation aux bénéfices équivalait a un mois de salaire.

L’inventivité des personnels du site de Bagnères a permis le dépôt de plusieurs dizaines de brevets d’inventions et fait encore aujourd’hui d’ABB un acteur important et très profitable sur le marché des parafoudres et paratonnerres.

Malheureusement la gestion comptable désastreuse d’ABB et les nombreuses réorganisations visant à séparer et globaliser les différents métiers dans des « Hubs » situés dans des pays à bas cout et peu fiscalisés ainsi que le désinvestissement du groupe ABB de l’établissement de Bagnères a mis à mal notre efficacité en détruisant la cohérence des équipes et du management et en nous privant des moyens nécessaire pour mener à bien nos missions.

De plus la séparation comptable artificielle et déloyale de des activités R et D de la vente des produits prive les équipes de Recherche et Développement du financement relatif aux confortables bénéfices réalisés par la vente des parafoudres (avec un chiffre d’affaire en hausse de 8% en 2020 malgré la pandémie). Il est permis de s’interroger sur les véritables raisons de ce tour de passe-passe comptable qui non seulement prive de revenus les créateurs qui sont à la source de la richesse et qui permet à la direction de se soustraire à certaines de ses obligations légales.

En effet il est anormal qu’aucune communication relative aux résultats de l’activité parafoudre ne soit faite aux représentants du personnel lors des CSE car elle est considérée par ABB France comme un vulgaire centre de cout alors même qu’elle est créatrice d’une richesse de plusieurs millions d’euros par ans pour le groupe ABB.

On peut par ailleurs s’interroger sur les conséquences fiscales de ce montage financier alambiqué qui dissimule la réalité des bénéfices réalisés par le groupe ABB grâce au travail de salariés français.

On voit bien que toutes les raisons économiques invoquées sont fallacieuses et qu’en réalité nous arrivons au terme d’un plan minutieux de pillage du savoir-faire d’une entreprise française par une multinationale peu scrupuleuse, car malgré une excellente santé du marche des parafoudres aucune embauche ni investissement n’a été réalisé sur le site depuis de nombreuses années et l’on a même de façon récurrente et prolongée dû avoir recours à des dispositifs précaires tels que la mise à disposition de salariés par un groupement employeurs afin de palier au manque de ressources.

Il est particulièrement indigne qu’un tel dispositif normalement destiné à des petites entreprises artisanales ou saisonnières ait été détourné de sa vocation première par une multinationale qui réalise un chiffre d’affaire de 26 Milliards de dollars afin de se soustraire à ses obligations envers certains de ses employés.

Enfin aucun effort n’a été réalisé pour tenter de sauver des emplois, aucune reprise d’activité ni de recours a du chômage partiel n’est envisagée, décidément le sort de 10 familles pyrénéennes ne semble pas mériter beaucoup d’attention de la part du groupe ABB ni même de la société ABB France qui a cédé pour 9 millions d’euros en 2017 l’activité de vente des parafoudres à l’Allemagne.

Espérons au moins que cet argent puisse servir à sécuriser l’avenir des personnel jetés a la rue dans un contexte particulièrement difficile après avoir de façon cruciale grâce à leur travail et leur créativité permis à ABB de réaliser de confortables bénéfices.

 


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